Entre relégation et risques de gentrification

Modern townhouses in a residential area with multiple new apartments buildings surrounded by green outdoor facilities with cars parked on the street

Comme d’autres régions, la Wallonie mise sur une densification résidentielle des territoires urbains, à des fins de développement durable. Cette option prolonge, tout en la renouvelant, les politiques de rénovation urbaine initiée il y a plus de trois décennies face aux logiques de dégradation du bâti, de dépopulation et de paupérisation des centres urbains. Il est également escompté des politiques de densification résidentielle de voir les dynamiques d’étalement urbain et de périurbanisation ralentir, voire s’inverser – ce qu’exprime l’expression devenue commune de « retour en ville ».

Dans ce cadre, la présente initiative de recherche a été construite autour d’un questionnement couplé à une préoccupation centrale: dans quelle mesure le retour en ville escompté est-il susceptible de mener à un remplacement de populations dans des quartiers urbains, des populations socialement fragiles y laissant place à des populations mieux placées dans la hiérarchie sociale? Comment, s’il y a lieu, éviter les mécanismes d’exclusion, ceux-ci étant contraires aux objectifs de mélange des catégories sociales dans les villes (mixité) ou même de densification des villes (cas où les ménages exclus doivent se replier sur des espaces périphériques) ?

Il s’agit donc, en termes plus généraux, de mettre en lien dynamiques urbaines et question sociale aux fins de mieux cerner les recompositions spatiales aujourd’hui à l’œuvre dans les villes wallonnes.

Pour ce faire, cette recherche prenait appui sur deux notions bien établies dans la littérature scientifique internationale : gentrification et relégation. La gentrification est un processus multiforme d’embourgeoisement de la composition sociale et de transformation des morphologies urbaines (paysages bâtis, espaces publics, structures commerciales) de quartiers d’habitat populaire. L’échelle de prédilection à laquelle se déploie ce processus est celle du quartier. La relégation désigne les processus d’inscription dans le territoire de la pauvreté et de la précarité. Notre recherche visait donc, en particulier, à éclairer les processus de gentrification et de relégation dans les villes wallonnes. Il s’agissait d’en objectiver l’ampleur et les mécanismes en vue, d’abord, de poser un diagnostic jusqu’à présent inexistant en ces termes et, sur cette base, d’identifier des moyens d’action permettant une densification résidentielle et une requalification des quartiers urbains en évitant les effets négatifs sur les populations qui y résident. Notre recherche ne portait donc pas sur l’évolution de la situation sociale générale des villes wallonnes, mais bien sur les processus de recomposition spatiale à l’œuvre au sein de ces villes sous l’effet des migrations de population entre les villes et au sein des villes.

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